Contre toutes ses promesses électorales, la présidente brésilienne Dilma Rousseff initie un important plan d’austérité. De quoi la rendre de plus en plus impopulaire.
C’est ce qu’on peut qualifier de revirement idéologique notable. Alors que Mme Rousseff s’est fait réélire en s’opposant au retour de l’élite et à l’austérité, la voilà qui confie le ministère des Finances à Joachim Levy, économiste qui a pris part au montage du programme économique de son adversaire au second tour de la présidentielle. Il n’a pas tardé à prendre des mesures difficiles pour les classes populaires et moyennes en procédant à l’augmentation des taux d’intérêts et des taxes sur le crédit, à la hausse des impôts sur les véhicules, les carburants et l’électricité et le renforcement des conditions d’accès à l’assurance chômage et aux pensions pour les veuves. Comme il fallait s’y attendre, la cote de popularité de la présidente brésilienne en accuse le coup, se situant actuellement à moins de 11 %. Même parmi ses électeurs, il n’y en a plus que 19 % qui approuvent son action.
« Si le gouvernement va au bout de l’ajustement fiscal prévu, cela représentera des coupes budgétaires de l’ordre de 1,2 %. C’est un énorme effort qui va peser sur les consommateurs, les producteurs et les gouvernants », analyse l’économiste Fernando Ferrari Filho, enseignant à l’université de Porto Alegre.
De leur côté, les autorités brésiliennes justifient cet ajustement fiscal par la détérioration du solde brut primaire, indicateur mesurant la différence entre les recettes et les dépenses de l’Etat, hormis le coût de la dette. A ce propos, ce chiffre, reflet de la capacité d’autofinancement d’un Etat, est passé de + 2,2 % en 2011 à – 0,6 % l’année dernière.