Un an après la rébellion des chiites de Bahreïn, le Premier ministre bahreïni Cheikh Khalifa, avec autour de lui le chef de l’armée et le patron de la cour royale, a pris de plus en pus d’envergure jusqu’à surpasser son neveu le roi Hamad qui règne sur Bahreïn depuis 1999, au point que beaucoup se posent aujourd’hui la question de savoir qui tient réellement les rênes du pays.
Cheikh Khalifa s’est fait une fortune grâce à sa participation à la plupart des grands projets de développement de l’archipel ces trois dernières décennies. Ses positions dures tranchent avec la famille régnante, particulièrement avec l’ouverture au changement affichée par le prince héritier Salman. Selon les diplomates étrangers, l’influence de Cheikh Khalifa serait favorisée par le fervent soutien de Nayef, le prince héritier saoudien chargé de la sécurité au royaume wahhabite. Ce dernier qui partage la méfiance de Cheikh Khalifa vis-à-vis des chiites et de l’Iran, a été l’artisan de l’intervention saoudienne qui a mis un terme à la rébellion des chiites de Bahreïn. L’influence saoudienne sur le Bahreïn s’explique également par le fait que les deux tiers du budget de l’Etat bahreïni proviennent de la vente du pétrole à partir du champ d’Abou Safa que l’Arabie saoudite a cédé à Bahreïn en 1996.
Du fait de leurs liens culturels avec l’Iran, le seul pays arabe avec à sa tête un pouvoir chiite, les chiites de Bahreïn se plaignent d’être les oubliés du printemps arabe, d’où l’émergence en leur sein d’une branche plus radicale qui tend à prendre le pas sur les modérés tels que l’ancien ministre Ali Fakrour.