BBC World News interdite en Chine après la diffusion d’un reportage sur les Ouïgours

L’autorité de régulation de l’audiovisuel en Chine a annoncé hier jeudi avoir interdit la diffusion des émissions de la BBC World News en Chine, pour avoir diffusé en février un reportage sur les tortures et violences sexuelles contre des femmes ouïgours dans des camps d’internement chinois.

La censure de Pékin a été immédiatement dénoncée par Londres comme une « atteinte inacceptable à la liberté de la presse ».

Dans un communiqué, l’autorité de régulation chinoise a dit estimer que la chaîne d’information en continu a notamment enfreint le principe selon lequel « les informations doivent être véridiques et justes » et « ne portent pas préjudices aux intérêts nationaux de la Chine ».

Cette interdiction intervient après que la BBC ait diffusé le 3 février un reportage contenant des récits poignants de tortures et de violences sexuelles contre des femmes ouïgours dans des camps d’internement chinois.

Dans son enquête basée sur de nombreux témoignages, la BBC avait fait état d’allégations de viols systématiques, d’abus sexuels et de tortures sur des femmes détenues par la police et des gardiens dans la région occidentale du Xinjiang, en Chine.

Le reportage fait état de tortures à l’électricité, notamment des viols anaux par des gardes à l’aide de matraques électriques. Selon des témoins cités par la radio, les femmes ont été victimes de viols collectifs et de stérilisations forcées.

Bien que l’impact concret de cette interdiction sera en réalité limité puisque les foyers chinois ne recevaient déjà pas la radio, qui n’était présente que dans les hôtels internationaux, la BBC a déclaré regretter cette décision.

Le Xinjiang abrite la minorité ouïgour, majoritairement musulmane, et a connu ces dernières années une vaste répression sécuritaire de la part des forces chinoises en réponse à des troubles séparatistes. Les groupes de défense des droits de l’Homme estiment qu’au moins un million de Ouïgours et d’autres musulmans turcophones sont incarcérés dans des camps dans la région.

Andreï Touabovitch