Agé de 77 ans, le maréchal Khalifa Haftar, chef de l’autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL) et homme fort de l’est libyen, s’est retiré provisoirement de ses fonctions de commandant de cette armée hier mercredi, avant le dépôt de sa candidature à la présidentielle prévue pour le 24 décembre.
Khalifa Haftar a annoncé dans un communiqué la nomination « d’un remplaçant provisoire à la tête de l’ANL » jusqu’au 24 décembre, date des élections législatives et présidentielle. Ce remplaçant est le général Abdelrazzak al-Nadhouri.
Cette annonce officielle intervient deux semaines après l’adoption d’une loi électorale controversée qui dispose qu’un militaire peut se présenter à la présidentielle, à condition d’abandonner « ses fonctions trois mois avant le scrutin », et « s’il n’est pas élu, il pourra retrouver son poste et recevoir ses arriérés de salaire ».
Cette loi, qui permet donc à Khalifa Haftar de se porter candidat à la présidentielle, avait été ratifiée par le chef du Parlement, Aguila Saleh, un allié de Khalifa Haftar, sans être soumise à un vote, au grand dam des caciques de l’ouest libyen.
Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est en proie à des violences sanglantes et à des luttes entre pouvoirs rivaux dans l’est et l’ouest du pays.
Les tensions sont montées d’un cran avec le vote mardi par le Parlement libyen, basé à Tobrouk à l’est du pays, d’une motion de censure contre le gouvernement d’Abdelhamid Dbeibah, qui a son siège à tripoli, dans l’ouest, ce qui risque de menacer les élections, pourtant cruciales pour l’avenir du pays.
Après l’échec de son aventure militaire aux portes de Tripoli, siège de l’ex-gouvernement d’union, en 2019, l’arrêt des combats en 2020 et la formation d’un gouvernement unifié et transitoire dirigé par l’homme d’affaires Abdelhamid Dbeibah en mars dernier pour achever l’interminable transition politique qui dure depuis dix ans, Khalifa Haftar cherche désormais à conquérir le pouvoir par les urnes. Mais il est accusé par ses détracteurs de vouloir instaurer une dictature militaire.