La Chine a inauguré, hier mercredi, la plus longue ligne de TGV au monde. Ce chemin de fer, qui relie Pékin (nord) à Canton (sud), suscite néanmoins beaucoup de questions liées à la sécurité et aux tarifs.
2300 km. Telle est la distance qui sépare la capitale chinoise de Canton, villes désormais reliées par une ligne ferroviaire à grande vitesse. Du jamais réalisé sur la planète. Doté d’une vitesse moyenne de 300 km/h, ce TGV fera gagner énormément de temps aux usagers : alors que les anciens trains mettaient plus de 20 heures pour effectuer ce trajet, le nouveau n’aura besoin que de … 8 heures. La Chine a donc de quoi se gargariser. Mais, cette euphorie n’a apparemment pas réussi à effacer des mémoires la tragédie de Wenzhou : le 23 juillet 2011, deux TGV entraient en collision dans cette province, faisant 40 morts et plusieurs blessés sur le coup. Cet accident avait, notamment, entraîné la diminution des vitesses des trains de 350 km/h à 300 km/h comme mesure de sécurité. Mais, par dessus tout, l’image du gouvernement chinois avait été ternie, d’autant plus que le bilan de ce triste évènement avait fait l’objet de tentatives de falsification. A l’époque, l’Exécutif avait alors mis en sourdine certains grands projets, attendant un retour au calme au sein de l’opinion publique. Vu de cet angle, le lancement de cette ligne de TGV peut symboliser le début d’une nouvelle ère pour le secteur ferroviaire chinois.
A côté des questions de sécurité viennent celles des prix : le billet Pékin-Canton du nouveau TGV coûte environs 10 fois plus qu’une place dans les anciens trains. Pire, ce montant pourrait même rivaliser avec les tarifs de certains transporteurs aériens. De quoi se demander quel est l’avantage économique d’une telle ligne ferroviaire. L’épurement de la dette qui a servi de financement aux travaux justifierait ces coûts élevés.