Le ministre israélien des Affaires étrangères, l’ultra-nationaliste Avigdor Lieberman vient de surprendre la plupart des analystes en avançant l’idée d’une paix possible, renonçant au principe du « Grand Israël ». Ce revirement fait que beaucoup lui prêtent des visées sur le poste de Premier ministre.
Dans un document intitulé « Going Against the Stream – La vision d’Israël Beytenou », le parti nationaliste donne les clefs d’un projet de paix détaillé avec les Palestiniens, en écartant toute position idéologique stérile. Il propose aux Palestiniens des concessions territoriales et éventuellement des incitations financières pour ceux, parmi les Arabes israéliens, qui souhaiteraient rejoindre le nouvel Etat.
Avigdor Lieberman propose ainsi de renoncer au principe impossible du « Grand Israël » qui inclut l’annexion de la Cisjordanie. Son principal argument est qu’un Etat unique binational, avec l’intégration de 1.7 million d’Arabes de Cisjordanie, représenterait un danger pour l’identité juive d’Israël. De ce fait, le dirigeant du parti d’extrême-droite « Israel Beytenou » (Israël notre maison) se démarque de son collègue au gouvernement, le sioniste religieux Naftali Bennett, mais ne perd pas au change. Il se met en position pour grappiller sur l’électorat centriste en perdition. Sa position est saluée par les Etats-Unis et est même jugée raisonnable par la gauche israélienne.
Cette proposition constitue une avancée notable qui pourrait débloquer le processus de paix d’autant plus qu’elle est faite par un parti nationaliste israélien. Le plan de paix proposé par Israël Beytenou n’a pas encore reçu l’aval du gouvernement israélien mais il commence déjà à diviser la droite israélienne. La balle se trouve désormais dans les camps des Palestiniens qui, au bénéfice des Israéliens qui le soutiennent, ne peuvent rejeter ce plan sans être accusés de refuser le dialogue et la paix.