Ce mois de mars a vu en Inde la vente aux enchères des fréquences de téléphonie mobile qui a atteint le niveau sans précédent de 17.2 milliards d’euros. Cette opération historique pourrait marquer un tournant dans l’histoire des communications téléphoniques dans le pays après avoir duré dix-neuf jours et largement dépassé toutes les prévisions du gouvernement indien. Les opérateurs indiens vont devoir régler 4.3 milliards d’euros dès cette semaine et le reste d’ici 2027.
Les trois plus grands des douze opérateurs indiens, Bharti Airtel, Vodafone et Idea Cellular totalisent 77% des montants enchéris pour des parts de marché qui avoisinent les 70%. L’objectif de la plupart de ces opérateurs visait le renouvellement de leurs fréquences et donc de maintenir leurs positions sur un marché très concurrentiel qui, avec ses 955 millions d’abonnés, compte le plus grand nombre d’abonnés au monde juste après la Chine. L’Etat indien attend de cet argent pour accélérer la consolidation du secteur.
Toutefois cette vente est loin d’avoir été bien accueillie dans le pays comme l’a montré la chute en bourse vendredi dernier, le lendemain de l’annonce du montant des enchères, des cours des opérateurs. Le quotidien The Indian Express a regretté que cet argent n’ait pas été investi dans les infrastructures qui pourraient conduire à la création d’emplois et à la génération de revenus.
Les analystes craignent que les sommes levées ne se répercutent sur le prix des communications. Cette éventualité pourrait entraîner des conséquences graves en Inde où le téléphone sert bien plus qu’à communiquer. A titre d’exemples, les aide-soignants des villages reculés l’utilisent pour se former et les agriculteurs pour prendre des conseils.
De plus, l’argument de la consolidation du secteur avancé par le gouvernement indien peine à convaincre étant donné que, selon les estimations, les coûts des fréquences ne devraient représenter que 2.56% des revenus générés par le secteur au cours des 20 prochaines années, soit la durée couverte par les licences.