L’Afrique du Sud, qui est le premier partenaire commercial de la Chine en Afrique, a commencé à utiliser depuis la semaine dernière le yuan chinois comme monnaie de règlement et de réserve, rejoignant ainsi le Ghana, le Nigéria, Maurice ou encore le Zimbabwe dans la liste des pays africains qui font de même.
La décision sud-africaine a été prise à l’occasion de la visite dans le pays du ministre chinois des Affaires étrangères. L’Afrique occupe une place particulière dans la stratégie de la Chine pour internationaliser se monnaie et Pékin dispose de nombreux atouts pour ce faire. Pilote de la création de l’AIIB (Banque Asiatique d’Investissement dans les Infrastructures), la Chine souhaite que les investissements que cette nouvelle institution financera, attendus à 50 milliards de dollars dès sa première année, le soient dans sa monnaie. La Chine dispose également de l’équivalent de 3 700 milliards de dollars de réserves en devises étrangères. Selon une étude de la banque HSBC, les échanges en yuan devraient compter d’ici 2020 pour la moitié des transactions réalisées par la Chine à l’étranger alors qu’ils n’ont représenté l’année dernière que 20%.
Les raisons de l’internationalisation par la Chine de sa monnaie se retrouvent dans la forte hausse de ses investissements à l’étranger. Les fluctuations du dollar et la chute de l’euro inquiètent Pékin qui veut pouvoir financer directement ses projets avec sa propre monnaie. Ce faisant, la Chine renforce ses capacités monétaires, impose le yuan comme monnaie étalon et affaiblit d’autant le dollar. Et le nombre croissant de pays africains qui adoptent le yuan comme monnaie d’échanges s’explique par le fait que le volume des échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique a été multiplié par vingt depuis 2000, atteignant plus de 200 milliards de dollars, soit près de deux fois ceux des Etats-Unis.