Après la mort mardi du chef du Polisario, Mohamed Abdelaziz, de nombreux observateurs s’interrogent sur le devenir de la relation entre Rabat et Alger, l’Algérie étant le parrain inconditionnel du mouvement indépendantiste sahraoui depuis plus de 40 ans et, à ce titre, elle est attendue sur la désignation de son successeur.
Alors que l’Algérie s’est empressée de déclarer une période de deuil de 8 jours à la mémoire de celui qui s’est montré d’une fidélité sans faille à sa ligne inflexible sur le dossier du Sahara, le Maroc estime, lui, que ce décès n’aura pas d’impact sur le conflit, puisque la solution de la question du Sahara est entre les mains d’Alger.
Pour Rabat, Mohamed Abdelaziz était un simple figurant et non pas un acteur du dossier. Ce sera le cas d’ailleurs de son successeur, tant que l’Algérie aura la haute main sur le Polisario.
Décédé à l’âge de 69 ans à la suite d’une longue maladie, Mohamed Abdelaziz avait vu le jour en 1947 à Marrakech, dans le Centre du Maroc. Son père, retraité des FAR, les forces armées royales du Maroc, vit toujours près de la ville de Beni Mellal, à 190 km de Marrakech. De nombreux marocains ont tenu à lui exprimer leurs condoléances, ainsi qu’à deux de ses frères, un avocat et un chirurgien, qui vivent à Casablanca et Laâyoune.
Le destin avait toutefois tracé une tout autre trajectoire pour Mohamed Abdelaziz. C’est dans les années 70, en pleine période tumultueuse de la guerre froide, qu’il entre en dissidence contre le roi Hassan II, avant de rejoindre le Polisario, le front financé et armé par le président Boumedienne et le colonel Kadhafi.
A la tête du front séparatiste pendant 40 ans, Mohamed Abdelaziz tiendra le Polisario d’une main de fer, n’hésitant pas à cautionner la répression menée par le DRS algérien contre les opposants sahraouis dans les camps de Tindouf. Ces quatre décennies seront également marquées par le scandale, révélé par l’Office européen OLAF, du détournement de l’aide humanitaire destinée aux populations des camps.
En fin de parcours, si Mohamed Abdelaziz n’a rien fait pour rapprocher le Maroc et l’Algérie pour le règlement de la question du Sahara, il a tout de même exprimé le vœu révélateur d’être enterré à Bir Lahlou, en terre marocaine et non pas en Algérie.