Le yuan chinois a officiellement intégré samedi le club très restreint des monnaies de référence du Fonds monétaire international, une décision qui a réjoui la PBOC, la banque centrale chinoise, pour qui cette avancée confirme la réussite de la Chine dans ses réformes et l’ouverture de son secteur financier.
Mais le yuan a encore du chemin à faire pour jouer pleinement un rôle sur les marchés financiers. La décision avait été annoncée en novembre 2015 avant de devenir effective. Le yuan fait désormais partie de la composition de l’unité de compte du FMI, une monnaie internationale dénommée « les droits de tirage spéciaux » (DTS), composée jusqu’alors du dollar, de l’euro, de la livre britannique et du yen japonais.
Les membres du FMI se voient allouer des comptes en DTS qu’ils peuvent en cas de besoin céder en échange d’une des devises composant l’unité. La devise chinoise représente la troisième plus grande fraction du nouveau panier de DTS avec 10.92%, après les 41.73% du dollar américain et les 30.93% de l’euro. L’intégration du yuan pourrait accélérer la diversification des réserves en devises des banques centrales mondiales et des fonds souverains.
Certains experts s’attendent à ce que leurs réserves en yuans progressent d’un montant équivalent à 25 voire 30 milliards de dollars à moyen terme, alors que Bloomberg estime que le marché des obligations en yuans pourrait, lui, attirer jusqu’à 1 000 milliards de dollars en cinq ans.
Mais la réalité a de fortes probabilités de sensiblement différer de la théorie. Les réformes financières et l’ouverture des marchés de la Chine sont encore jugées très insuffisantes pour beaucoup d’analystes. Et difficilement convertible, la devise chinoise est suspendue à l’interventionnisme invétéré de Pékin sur les marchés financiers et dans le fonctionnement de l’économie.
Ces inquiétudes ont été renforcées par l’intensification depuis un an par Pékin de ses contrôles sur les mouvements des capitaux pour endiguer l’hémorragie de flux financiers hors de Chine et le renforcement de ses interventions sur les marchés boursiers après leur effondrement de l’été 2015, avec notamment une interruption arbitraire des échanges.